Anthurium
Le guide complet

Anthurium : Guide complet de culture

Anthurium : Guide complet de culture 1920 1280 The Black Leaf

Si vous êtes comme moi un(e) amoureux(se) de grandes feuilles nervurées, aux textures veloutées ou bien lissées, vous n’êtes donc sûrement pas insensible à la diversité de feuillage qu’offre les Anthurium à feuillage ornementaux !
Appartenant à la famille des Aracées et d’apparence proche de certains Philodendron tels que P. Gloriosum ou P. Melanocrysum, l’Anthurium s’avère être un peu plus exigeants que ses cousins.

Sachez que la plupart des Anthurium sont originaires de la région néotropicale qui comprend la totalité de l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale jusqu’au sud du Mexique.
Certaines espèces ont également été découvertes dans les Antilles (Caraïbes) mais les plus beaux spécimens proviennent des versants occidentaux de la Cordillère des Andes (coté pacifique), de l’intérieur des forêts tropicales humides d’Équateur et de la Colombie.
Aucun Anthurium présent en Asie ou dans le Pacifique sud n’en est originaire et ont été introduits par l’Homme.

Voilà pour le contexte, à présent nous allons voir comment les Anthurium évoluent dans leur environnement naturel pour répondre le plus justement possible à leurs besoins vitaux.

L’Anthurium dans son milieu naturel

Dans un premier temps il est important de préciser que seules quelques espèces d’Anthurium sont terrestres (vivant au sol, les racines en terre) alors que toutes les autres sont des espèces épiphytes ou hémiépiphytes. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ces dernières n’ont pas le vertige ! Elles poussent en hauteur, parfois même très haut dans la canopé voir, selon leurs origines, agrippées sur des parois rocheuses verticales (dites plantes lithophytes).

Quelle est la différence entre une plante épiphyte ou hémiépiphyte ?

Une épiphyte est tout simplement une plante qui pousse en se servant d’une autre plante comme support (par exemple un tronc d’arbre). À ne surtout pas confondre avec une plante parasite, car elles ne prélèvent rien au détriment de leur hôte, contrairement à ces dernières.
Une hémiépiphyte est une plante qui vit en épiphyte durant une partie de son cycle biologique classées en 2 types :

  • Hémiépiphytes primaires : Les plantes germent en hauteur (grâce à des graines semées par les oiseaux ou autres animaux) et se développent comme des épiphytes. Elles émettent des racines qui poussent en direction du sol pour s’y ancrer.
  • Hémiépiphytes secondaires : Ce sont des plantes grimpantes qui se développent au sol et émettent des racines aériennes pour se fixer aux arbres. Au fil de la croissance elles finissent par abandonner complètement leur lien avec le sol pour devenir épiphyte (exemple connu : Monstera Deliciosa).

Mais alors pourquoi ces Anthurium recherchent-ils l’altitude ? Exactement comme les orchidées, toutes ces plantes haut perchées viennent chercher 4 éléments fondamentaux :

  • L’humidité provoquée par la pluie des forêts tropicales
  • la brise qui vient sécher leurs racines évitant leur pourriture
  • la lumière, plus intense lorsqu’elles se rapprochent de la cime des arbres
  • les nutriments présents dans les déchets organiques, qui décomposés, se transforment en compost

Anthurium Warocqueanum – Kew Gardens

La culture des Anthurium

Vous l’avez compris, les Anthurium ont des besoins spécifiques mais avec un peu de matériel et de bon sens, il sera tout à fait possible de les rendre heureux chez vous 😉

Le substrat

Étant donné que ce sont des plantes qui ont un besoin d’avoir leur système racinaire particulièrement aéré, il sera préférable de leur apporter un mélange adéquat.
Voici la liste des éléments à mélanger minutieusement pour obtenir le substrat idéal :

  • 30 % de terreau
  • 20 % de tourbe
  • 30 % d’écorces de bois (type mélange à orchidées)
  • 15 % de sphaignes coupées en petit morceaux
  • 5% de perlite

Ainsi, les racines de la plante se déplaceront facilement dans le mélange et s’attacheront également à l’écorce comme elle le font dans la nature, agrippées à un arbre. Il peux être aisément utilisé pour d’autres espèces (épiphytes ou non), tels que les Philodendron.

La lumière

Dans les forêts tropicales humides, les plantes rivalisent d’ingéniosité pour allez capter le maximum de lumière. Ainsi, les épiphythes grimpent aux arbres pour aller la chercher, les Anthurium en faisant bien évidement partie. Les espèces à feuillage velouté (Anthurium Clarninervium, A. Crystallinum, A. Magnificum…) se contenteront d’une luminosité un peu plus faible que ceux à feuillage lisse (Anthurium Veitchii, A. Grandifolia, A. Salgarense…). Pour un complet épanouissement, l’Anthurium à besoin d’une lumière vive mais filtrée. Si votre appartement le permet, placez-le près d’une fenêtre en veillant à ce qu’il ne reçoive jamais de soleil directement. Si votre logement est plutôt sombre, il faudra lui apporter un éclairage horticole adapté, sans quoi votre sujet ne prospérera pas.

L’arrosage

Qui dit forêt tropicale humide dit forcément eau ! L’arrosage est extrêmement important pour les Anthurium. Certaines espèces lithophytes (qui poussent accrochées à la roche) vivent sur les bords de rivières dont le débit est rapide. Loin d’être des plantes aquatiques, elles se sont adaptées à ces conditions pour rechercher à la fois des éléments nutritifs dissouts et une source élevée d’oxygène, produite par le courant.
Bien entendu, l’arrosage sera différent selon l’époque de l’année et il faudra augmenter l’apport en eau dès lors que les températures grimperont. Dans la nature, les pluies sont fréquentes et peuvent intervenir plusieurs fois par jour, il est nettement recommandé de ne jamais laisser le substrat se dessécher en veillant à ce qu’il ne soit jamais détrempé. Et c’est grâce à un mélange extrêmement aéré que tout risque de pourriture des racines sera écarté.

L’humidité

L’humidité est vitale pour les Anthurium et il est indispensable que vous fassiez tout pour leur en apporter le maximum.
N’oubliez pas que ce sont des espèces qui vivent dans les forêts tropicales humides qui avoisinent les 100% de taux d’humidité. Il est tout à fait possible de placer les pots sur une couche de graviers / billes d’argile remplie d’eau pour créer un micro climat autour de la plante. N’hésitez pas à pulvériser le feuillage régulièrement ou à utiliser un humidificateur d’air, en privilégiant l’eau non calcaire.
Certains Anthurium sont plus faciles à vivre que d’autres, à vous de vous renseigner sur ses origines, dont découleront les soins à lui apporter.

Températures

Toutes les espèces d’Anthurium sont tropicales et, selon l’altitude de leur environnement naturel, supportent des températures chaudes à fraîches mais jamais froides. La température minimum tolérée par la plupart des Anthurium est de 12°C et il est préférable de les maintenir en dessous de 32°C en période estivale.

Les contenants

Toujours dans l’optique de laisser passer l’air entre les racines, le pot en plastique est à bannir formellement ! Voici les options qui s’offrent à vous classées du moins au plus adapté pour la culture des Anthurium !

  • Pot en plastique : À changer immédiatement après l’achat. Les pots en plastique maintiennent l’humidité et ne font absolument pas respirer les racines, accentuant le risque de pourriture.
  • Pot en terre cuite : Bien plus adapté que le pot en plastique, du fait que la matière soit poreuse, c’est l’option de facilité (mais pas la plus adaptée) pour que le système racinaire reste sain. Toujours veiller à ce que l’écoulement se fasse correctement sans stagnation dans la coupelle.
  • Pot en géotextile : C’est LA solution la plus adaptée et la plus pratique en intérieur. Plus écologique que les pots en plastiques (cela va de même avec les pots en terre cuite), ils sont particulièrement adaptés aux plantes qui ont besoin de « respirer ». Contrairement avec les pots « durs » (plastique / terre cuite), les racines stoppent leur croissance au contact du tissu. Les racines dans des pots classiques ont tendance à devenir fines et très longues et finissent par s’enrouler sur elles-mêmes. Ce qui est fort déconseillé pour les plantes en général. L’air permettant aux nutriments de circuler aisément mais également d’assécher les racines bien plus rapidement que dans les pots classiques.
    Je suis actuellement en conversion vers ce genre de pots pour mes Anthurium et Philodendron.
  • Le Air pot system : ce n’est pas le plus sexy, je vous l’accorde ! Néanmoins le Air pot convient parfaitement aux Anthurium car il offre une aération optimale au système racinaire. Il a été conçu pour éviter que les racines ne tournent sur elles-mêmes. Le dépotage est aussi simplifié grâce à un système très ingénieux. Je vous montre les étapes de montage du pot et de rempotage de la plante dans une vidéo juste ci-dessous !
  • Panier en fibre de coco : Cette option comporte exactement les mêmes avantages que le pot en géotextile avec en prime, un point non négligeable à prendre en considération : le système racinaire est totalement libre. Autrement dit, les racines vont pouvoir se développer à leur guise, et pénétrer la fibre voire même la traverser, exactement comme pour les orchidées. Ces paniers sont difficilement utilisables en intérieur à cause de l’écoulement de l’eau après les arrosages. Ils seront toutefois parfait pour une culture en serre (chauffée, bien entendu).

Les nutriments

Comme vu un peu plus haut, les Anthurium absorbent grâce à leur système racinaire d’infimes quantités de déchets organiques de la fôret et de minéraux apportés par les pluies et le vent. C’est donc naturellement que la fertilisation devra avoir lieu régulièrement en infime quantité. Un excès d’engrais pourrait tuer votre plante, tant ses facultés sont conçus pour de minimes absorptions.
Il est donc recommandé de les fertiliser toutes les semaines à raison de 20% de la quantité annoncée sur le flacon avec un engrais liquide.
Les cônes enrobés d’osmocote 14-14-14 sont tout à fait envisageables car ils diffuseront de façon progressive les nutriments.
Les plantes tropicales apprécient également une dose de Magnésium occasionnelle (1 fois par mois) et se trouve sous forme de sel d’Epson, à diluer avec de l’eau.

Propagation de l’Anthurium

Bouture de tige

Elle est tout à fait possible à réaliser en coupant un morceau de la tige principale qui comporte des racines aériennes naissantes, voire développées pour les plus grands sujets. Il faudra alors couper juste avant un noeud, puis placer la bouture dans un un pot rempli de sphaignes. Une fois les racines développés, vous pourrez la planter dans le substrat évoqué un peu plus tôt.

Semis

Si vous possédez des graines d’Anthurium, voici comment procéder :

  • Pressez délicatement les graines pour les faire sortir du fruit puis longer-les dans une bouteille d’eau
  • Fermez la bouteille et secouer le mélange. Réservez quelques jours le temps que la pulpe remonte à la surface, laissant les graines dans le fond de la bouteille
  • Rincez les graines et supprimer toute trace de pulpe (risque de formation de champignons)
  • Préparez un mélange de sphaignes (finement coupées) en y ajoutant 1/4 de charbon actif, puis aplatissez ce mélange dans le fond d’une mini-serre de culture (avec trous d’écoulement). Le mélange ne doit remplir qu’un tiers du contenant
  • Étalez les graines uniformément sur la surface et vaporiser-les légèrement avec une eau non calcaire
  • Fermez la mini-serre avec son couvercle et disposez la sous une lumière filtrée, dans une pièce chaude, ou au mieux sur un tapis chauffant
  • La germination aura lieu entre 2 à 7 jours, brumisez-les si besoin sans jamais les détremper
  • Gardez le couvercle en place le temps que les plantes se développent assez tout en les brumisant au besoin
  • Enfin, plantez-les dans un mélange léger évoqué un peu plus tôt

Anthurium ou Philodendron ?

Vous avez chez vous une plante difficile à identifier et vous hésitez entre Anthurium ou Philodendron ? Sachez qu’il existe un moyen imparable de les dissocier. Ce que je vais vous décrire par la suite n’est pas l’unique façon de les différencier mais c’est de loin, la plus simple, vous allez être surpris !

Repérer le géniculum

Situé au sommet du pétiole (tige qui soutient la feuille), le géniculum (ou pulvinus) est une sorte d’articulation qui permet à la feuille de s’orienter en direction de la lumière. Un peu comme nos coudes, le géniculum peux s’articuler de haut en bas et s’orienter de droite à gauche. Certaines espèces ont un géniculum facilement identifiable à l’oeil, pour d’autres, il faudra le toucher pour le découvrir. Pas de géniculum : c’est un Philodendron, et croyez moi, ça marche ! 😉

geniculum anthurium

Géniculum sur Anthurium Guildingii

Quelques-unes de mes espèces préférées

Anthurium Veitchii

L’Anthurium Roi (King Anthurium), qui ne ressemble à aucun autre… Sans doute l’un des épiphytes le plus spectaculaire de tous, ses feuilles pouvant atteindre jusqu’à 2 mètres de long, agrémentées de superbes veines latérales prononcées. Il apprécie une lumière filtrée assez vive et a besoin d’un taux d’humidité élevé (entre 70% et 100%), préférant les ambiances plutôt fraîches comprises entre 16°C et 26°C.

Anthurium Veitchii – Kew Gardens

Anthurium Regale

Originaire du Pérou, cet Anthurium aux feuilles veloutées peux devenir extrêmement grand. Lorsque je dit extrêmement, croyez moi, ses mensurations peuvent devenir vertigineuses, pouvant atteindre plus de 90cm de long voir plus ! Des collectionneurs qui observent cette espèce au Pérou, ont pu observer des feuilles avoisinant les 2 mètres. Pour avoir un beau sujet, la clé résulte dans le fait de reproduire artificiellement et scrupuleusement les conditions de vie naturelles. Bref, une vraie pépite.

Anthurium Regale

Anthurium Clarinervium

Cet Anthurium est sans doute l’un des plus connus et le plus commercialisé du moment. Ses belles feuilles en forme de coeur aux nervures marquées en font une plante ornementale fabuleuse. Découvert au milieu des années 1950, il se présente de manière terrestre ou plus rarement lithophyte. Il vit en basse à moyenne altitude dans les forêts tropicales humides des hautes terres du nord du Chiapas (Mexique) jusqu’au nord-ouest du Guatemala.
La plante se propage et se développe latéralement et préférera un substrat humide mais jamais détrempé. Facile de culture, il s’accommodera d’un bon terreau amendé de perlite, tout en gardant en tête qu’un mélange plus aéré, plus proche de son environnement naturel lui conviendrait mieux. Il aura tendance à voir son feuillage sécher autour du limbe et en particulier sur la pointe si l’atmosphère ambiante s’avère trop sèche.

Anthurium Clarinervium

Anthurium Crystallinum

Cette espèce, souvent confondue avec A. Clarinervium peut être terrestre, lithophyte ou épiphyte a été découverte à la fin des années 1800 en Colombie. Il semblerait qu’une grande confusion règne autour de ses caractères qui provient de son hybridation. Pas évidente à trouver en espèce dite « pure », certains préféreront tenter l’expérience A. Cristallinum x A. Magnificum (franchement à tomber) ou encore avec des hybrides que l’on trouve beaucoup en Indonésie l’Anthurium crystallinum ‘Crystal Hope’ (l’un de mes préférés !).

Anthurium Crystallinum

Conclusion

Je sais que toutes ces informations pourraient vous décourager mais rassurez-vous, tout ce que je viens d’évoquer est un idéal de culture et certains Anthurium sont bien moins exigeants que d’autres. À vous de vous renseigner sur l’espèce avant l’achat et de lui offrir le maximum d’éléments favorables à son épanouissement.

J’espère que cet article vous aura plu ! Si vous avez des questions, je me ferais un plaisir d’y répondre 😉 Pour cela, rendez-vous sur mon compte Instagram ! À Bientôt !